La réforme des retraites, promesse d’Emmanuel Macron dans son programme électoral de 2017, a été responsable de nombreuses grèves en France de décembre 2019 à février 2020. Face à la longueur des débats à l’Assemblée Nationale (plus de 41 000 amendements déposés par l’opposition), le gouvernement a décidé le 29 février dernier de la faire passer en force en activant l’article 49.3. Elle est suspendue actuellement en raison de l’épidémie de Covid-19.
La réforme est lancée en septembre 2017, le jour de l’entrée au gouvernement de Jean-Paul Delevoye comme haut-commissaire à la réforme des retraites. En juillet 2019, ce dernier rend un rapport de 132 pages dessinant ce futur régime qui devrait s’appliquer à partir de 2025. Mais avant de se demander en quoi consiste cette réforme et d’en comprendre les enjeux, faisons un point sur le système de retraite actuel.
Basée sur une solidarité entre générations, les régimes de base fonctionnent sur un système de répartition. Tous les salariés en activité cotisent pour payer la pension des ainés, leur garantissant ainsi une ouverture de droit à une pension de vieillesse. Prenons votre exemple Isabelle, chaque mois vous êtes prélevée à hauteur de 289,09€ pour un salaire mensuel brut de 2316,34€. Cette cotisation va directement dans la caisse de retraite.
En ce qui vous concerne, votre pension est estimée à 1589€ brut par mois si vous partez à l’âge de 62 ans. Cette pension est calculée selon plusieurs facteurs. Pour faire simple, on prend en compte le nombre de trimestres travaillés durant une vie et le niveau de revenu. Il existe aujourd’hui 42 régimes de retraites selon le statut et le métier et autant de modes de calcul différents.
Le gouvernement souhaite mettre fin à ces régimes spéciaux et mettre en place un système universel calculé de la même façon pour tout le monde, aussi bien pour les salariés du public que pour les salariés du privé, les indépendants ou les agriculteurs... Dans le rapport de juillet 2019, Jean-Paul Delevoye propose de calculer la retraite par points. Dès le premier revenu, vous pouvez avoir des points et chaque point va augmenter la pension. 10 euros égal 1 point et pour 10 points on a 5,5 euros de pension par an.
Ce système par point sera donc favorable à ceux qui travailleront plus longtemps car après l’âge pivot de 64 ans (l’âge à partir duquel on a le droit à 100% de notre retraite), les points accumulés seront bonifiés de 5%, 10% jusqu’à 55% à 75 ans. La pension sera également calculée sur l’intégralité de la carrière et non plus sur les 25 meilleures années. La réforme prévoit aussi que l’âge pivot ne soit pas le même selon les générations. Il augmentera selon l’espérance de vie.
Cependant ce régime de retraite universel l’est de moins en moins puisque plusieurs métiers ont déjà obtenu des dérogations complètes ou partielles (polices, militaires, pompiers, gendarmes, danseurs de l’opéra, routiers, cheminots…).
Isabelle, êtes-vous concernée par l’âge pivot ? Non. Edouard Philippe a annoncé que la réforme, qui supprime les 43 années de cotisations à l’âge pivot, ne s’appliquera qu’aux personnes nées après 1975, or vous êtes née en 1967. Les générations nées après 1975 continueront aussi de bénéficier de l’ancien système mais jusqu’en 2037 seulement. À partir de 2037, tous les droits à la retraite seront calculés selon le nouveau système.
Le système de retraite français actuel était déficitaire de 2,9 milliard d’euros en 2018 et pourrait atteindre entre 7,9 milliards et 17,2 milliards d’euros en 2025, selon un rapport du Conseil d’orientation pour les retraites. Cette réforme pourrait rééquilibrer le système financier en augmentant les cotisations, baissant les pensions et en jouant sur l’âge légal et la durée de cotisation. Ses opposants la trouvent pénalisante, notamment pour les femmes et les chômeurs.
